Chaque année, environ un million de personnes à travers le monde développent la leishmaniose, et 20 000 à 30 000 d'entre elles en décèdent. À quoi est due cette maladie ? Comment se manifeste-t-elle ? De quelle manière la traiter ? Les réponses dans notre article.
Leishmaniose : qu'est-ce que c'est ?
Des maladies parasitaires
Les leishmanioses sont des maladies cutanées ou digestives causées par un protozoaire (un organisme constitué d'une seule cellule) parasite appartenant au genre Leishmania. Une vingtaine d'espèces sont pathogènes pour l'homme, comme Leishmania major, Leishmania tropica, Leishmania infantum... Le parasite est transmis par la piqûre d'un petit insecte, le phlébotome, un moucheron aux mœurs nocturnes, voire simplement suite à l'écrasement de celui-ci sur la peau.
Les leishmanioses sévissent principalement dans les régions tropicales et sont courantes en Afrique, en Amérique du Sud et centrale, en Asie et en Europe du Sud. Chaque année, en France métropolitaine, une vingtaine de cas sont cependant observés en moyenne, dans le sud-est du pays. Elles surviennent plus facilement chez les personnes souffrant d'immunodépression, provoquées par le sida par exemple ou par des traitements médicamenteux (pour éviter le rejet d'une greffe notamment).
À noter : ces parasites, qu'on nomme leishmanies, infectent l'homme mais également d'autres espèces de mammifères sauvages ou domestiques.
Infestation des globules blancs
Une fois dans l'organisme, les leishmanies vont être ingérées par des cellules immunitaires, les macrophages. Mais ceci ne les détruit pas : elles se développent à l'intérieur du globule blanc qui finit par éclater, libérant les parasites qui infestent de nouveaux macrophages. Ils peuvent alors se propager dans différents tissus de l'organisme.
Symptômes des leishmanioses
En fonction de l'espèce de leishmanie incriminée, cette maladie peut se manifester sous trois formes, de sévérité variable.
Sous leur forme cutanée
Il s'agit là de la moins sévère et de la plus courante, qui entraîne une atteinte de la peau. La forme cutanée se décline ainsi en :
- une forme localisée, où une lésion unique apparaît au niveau du site de la piqûre, au niveau des parties exposées du corps (visage, bras...), souvent après une longue période d'incubation qui peut durer jusqu'à 1 an. Elle ne provoque ni douleur ni démangeaison. La guérison laisse une cicatrice ;
- une forme diffuse, où le corps de la personne infectée se couvre de nombreuses lésions.
Sous leur forme cutanéo-muqueuse
Dans la forme cutanéo-muqueuse, les lésions de la peau s'étendent aux muqueuses de la sphère ORL : bouche, nez, gorge. Les tissus sont détruits, des dommages irréversibles apparaissent au niveau du visage (disparition des lèvres, du nez...). Elle est rencontrée uniquement sur le continent américain, plus particulièrement au Brésil. Il s'agit d'une complication de la forme cutanée, qui peut apparaître plusieurs années (voire dizaines d'années) après l'infection initiale.
Sous leur forme viscérale
La forme viscérale, aussi appelée kala-azar, est la plus sévère : elle conduit au décès du patient si celui-ci n'est pas pris en charge de manière adaptée. Le temps d'incubation est très variable, de quelques jours seulement à trois ans.
Elle se manifeste par de la fièvre, une anémie, une perte de poids, des maux de ventre et une augmentation du volume du foie et de la rate.
Bon à savoir : pour poser le diagnostic avec certitude, le parasite lui-même (ou son matériel génétique) est mis en évidence dans un échantillon de sang, de moelle osseuse ou une biopsie de la lésion.
Traitement des leishmanioses
Le traitement des leishmanioses repose sur l'utilisation de différents types de médicaments :
- Des antimoniés pentavalents, médicaments dérivés de l'antimoine (un élément chimique métallique), sous la forme d'antimoniate de méglumine (Glucantime®), par injection. Son administration doit être rigoureusement contrôlée, car il exerce des effets toxiques sur le cœur, les reins et le pancréas. Certains parasites ont développé des résistances à ce médicament.
- Un médicament antifongique (contre les champignons) est également efficace pour traiter cette parasitose, l’amphotéricine B (Ambisome®) dans le cas où le traitement précédent est tenu en échec. Il est administré par perfusion. Il a également des effets toxiques sur le rein et le foie.
- L'iséthionate de pentamidine (Pentacarinat®) peut être utilisé, mais uniquement pour les formes cutanées et localisées.
- Un traitement par voie orale, la miltéfosine (Impavido®) est également disponible. Il est moins toxique que les traitements précédents, mais est incompatible avec la grossesse.