
L’immunothérapie allergénique (ITA) est aussi appelée désensibilisation. Le traitement va intervenir directement sur le système immunitaire avec un allergène en quantité croissante, présenté de façon régulière pour le rééquilibrer.
L’immunothérapie allergénique est un traitement long capable de guérir la maladie allergique, en déprogrammant et reprogrammant la réponse des défenses de mon corps.
Bon à savoir : les conditions de prise en charge par l’assurance maladie des allergènes préparés spécialement pour un seul individu ont été modifiées par le décret n° 2018-445 du 4 juin 2018. Les taux de participation des assurés sont précisés à l’article R. 160-5 du Code de la sécurité sociale.
Immunothérapie allergénique : qui peut être désensibilisé ?
Les adultes et les enfants atteints de rhinite allergique ou d’asthme allergique dû à des pneumallergènes, peuvent être désensibilisés aux allergènes suivants : les pollens, les acariens, la moisissure Alternaria, le chat, le chien.
Les adultes et les adolescents allergiques aux venins qui risquent un choc anaphylactique :
- les venins de guêpes (vespula et poliste) ;
- le venin de frelon autochtone (crabo) européen ou asiatique ;
- le venin d’abeilles ;
- le "venin" de moustiques.
On peut désensibiliser les enfants (plus de 5 ans) également car le traitement est court et efficace (2 ans). Mais le procédé par injection est traumatique et conduit souvent l’allergologue et les parents à écarter cette éventualité.
La désensibilisation est conduite par un allergologue qui va proposer un protocole de traitement et une méthode d’administration du traitement. Celui-ci doit se suivre entre 3 et 5 ans. Il y a une grande variabilité de réponse entre chaque individu et selon l’allergène à désensibiliser. Il faut que le patient soit motivé et assidu, d'autant que certains patients à risque, comme ceux présentant par exemple une mastocytose associée, peuvent être traités à vie !
Selon l’allergène ciblé, la désensibilisation peut être :
- saisonnière (6 mois avant et pendant la saison des pollens) : pollen d’arbres ou de graminées ;
- ou s’étendre sur toute l’année : acariens et poils d’animaux.
Bon à savoir : la désensibilisation peut être continuée pendant la grossesse et n’est pas une contre-indication. On évite simplement de la débuter pendant cette période.
Comment se déroule une immunothérapie allergénique ?
Après le bilan allergologique et si le patient ne parvient pas à avoir une qualité de vie positive avec ses allergies, malgré les mesures de prévention et d’éviction et un traitement de ses symptômes, l’immunothérapie allergénique peut être envisagée.
Elle va permettre la réduction, voire la fin des symptômes allergiques (nez bouché, démangeaisons, éternuements, larmoiements) et enlèvera le risque d’anaphylaxie aux venins :
- Le médecin allergologue prescrit un traitement spécifique appelé : allergènes préparés spécialement pour un individu (APSI).
- La commande se fait par courrier ou internet, par le médecin la plupart du temps, auprès du laboratoire qui fabrique l’APSI. Le patient reçoit un colis par courrier postal après 3 à 4 semaines d’attente.
- Il contient un flacon contenant une solution d’allergène ou un cocktail de plusieurs allergènes avec un indice de réactivité (IR), variable en fonction de l’avancée du traitement. Le flacon se range dans la porte du réfrigérateur.
- Il vaut mieux privilégier une solution comportant un seul allergène ou une seule famille d’allergènes, plutôt qu’un cocktail.
Bon à savoir : il peut y avoir des petites réactions durant le traitement, de type démangeaisons des mains et des pieds, des yeux ou des oreilles… comme des petites réactions allergiques sous-jacentes. Il ne fait pas hésiter à en informer l’allergologue.
Immunothérapie allergénique : types de désensibilisation
Désensibilisation par injection sous cutanée
Le flacon permet de réaliser plusieurs injections sous cutanée à un rythme hebdomadaire tout d’abord, puis mensuel.
Cette méthode représente aujourd’hui 10 % des immunothérapies allergéniques.
Les premières injections doivent être effectuées au cabinet de l’allergologue ou en hôpital de jour pour surveiller le patient et lui expliquer le protocole de désensibilisation avant de le confier à son médecin traitant. La première fois (J1), on reçoit 6 injections à 30 min d’intervalle. Deux semaines plus tard (J15), on procède à 2 injections et à J45 à une injection directement à la dose d’entretien de 100 μg. Les patients recevront ensuite ce traitement d’entretien à raison d’une injection tous les mois la première année, puis si tout va bien d’une toutes les 6 semaines à partir de la 2e année et d’une tous les 2 mois à partir de la 3e année, le tout sur une durée totale de 5 ans.
Bon à savoir : il existe de rares cas de réaction allergique (choc anaphylactique ou asthme) lors d’une désensibilisation c’est pourquoi elle doit toujours être faite en présence d’un médecin. Une voie d’abord intraveineuse est généralement mise en place pour pouvoir traiter rapidement en cas de réaction allergique grave.
Désensibilisation par voie sublinguale
Il contient un ou plusieurs flacons avec une pompe doseuse contenant une solution d’allergène ou un cocktail de plusieurs allergènes avec un indice de réactivité (IR).
Ce traitement s’exécute à domicile et représente aujourd’hui 90 % des immunothérapies allergéniques.
Il faut suivre la prescription de l’allergologue qui indique le nombre de doses (pression sur le flacon pompe) pour chaque prise et la fréquence des prises (quotidienne en général). La prise se garde 2 minutes sous la langue puis on l’avale.
À noter : le médicament Palforzia® (poudre de graine d'arachide), utilisée par voie orale dans la désensibilisation en cas d'allergie à l'arachide, a réduit la fréquence et l'intensité des réactions allergiques à l'arachide lors d'un test réalisé à l'hôpital. Cependant, elle augmente la fréquence des réactions allergiques dans la vie quotidienne des patients, y compris celles motivant l'administration d'adrénaline (source : Prescrire, 1er décembre 2022).
Désensibilisation par comprimé
Cette formulation n’existe seulement que pour la phléole des prés (graminée) ou un cocktail de 5 graminées. La boîte de comprimés est vendue sur ordonnance. La première prise doit être faite en présence d’un médecin.
Le comprimé ne s’avale pas !
Il est placé sous la langue et doit fondre lentement. Il est facile d’utilisation et doit être pris tous les jours.
Bon à savoir : la désensibilisation par injection sous cutanée ou sublinguale est remboursée à 65 % par la Sécurité sociale. Le comprimé de désensibilisation est remboursé à 15 %.