On peut guérir d'une allergie aux pollens, aux animaux, aux acariens ou aux piqûres d'insectes grâce à la désensibilisation appelée aussi immunothérapie spécifique. Ce traitement est remboursé sous certaines conditions par l'Assurance maladie et prescrit par un allergologue.
Qu'est-ce que la désensibilisation ?
L'immunothérapie allergénique, ou la désensibilisation, vise à induire une tolérance de l'organisme vis-à-vis de l'allergène. Le traitement consiste ainsi à soumettre l'organisme à des doses croissantes d'allergène. Il est réalisé à intervalles réguliers et peut durer de 3 à 5 ans. C'est le seul traitement de la cause de l'allergie.
Quelles allergies sont concernées par la désensibilisation ?
L'immunothérapie spécifique est particulièrement utilisée pour soigner les allergies suivantes :
- allergie aux acariens ;
- allergie aux moisissures ;
- allergie au pollen (graminées, herbacées et pollens d'arbres) ;
- allergie aux animaux (chats, chiens) ;
- allergie aux piqûres d'insecte (guêpes, abeilles, frelons, moustique...).
Il est important d'identifier précisément l'allergène responsable. L'allergologue va ainsi effectuer plusieurs tests :
- une enquête verbale, pour connaître les habitudes de vie du patient ;
- des prick-tests sur la peau ;
- le dosage éventuel de certaines protéines de l'allergène suspecté (Ig E spécifiques).
Ce dernier examen nécessite une prise de sang. On parle d'allergologie moléculaire.
En fonction du résultat, le médecin remplit un ensemble de documents, dont un qui comportera les extraits allergéniques nécessaires ainsi que leur dosage : l'APSI (allergène préparé spécialement pour un individu). Le patient reçoit les produits en solution sublinguale ou à injecter, directement chez lui ou chez son pharmacien.
À noter : il existe une soixantaine d'APSI possibles.
Les différentes méthodes de désensibilisation
On connait trois méthodes pour désensibiliser un patient par immunothérapie spécifique :
Immunothérapie en injection sous-cutanée
Elle consiste à injecter des doses de l'extrait allergénique au niveau sous-cutané. L'injection se fait le plus souvent en haut du bras avec une fine aiguille. Les premières injections sont réalisées par le médecin allergologue ou par une infirmière en présence d'un médecin, généralement en hôpital de jour. Même s'il reste faible, il existe en effet un risque de réaction allergique pouvant aller de la simple urticaire au choc anaphylactique.
Le traitement de désensibilisation obéit au schéma « ultra-rush ». Une fois l'injection faite, le patient doit rester sous surveillance pendant 20 à 30 min puis il va recevoir une seconde injection, puis une demi-heure plus tard une troisième, etc. En quelques heures, au bout de 6 injections, on arrive à la dose cumulée de 100 μg d’allergène désensibilisant. 15 jours plus tard, on réalise 2 injections de 50 μg et même chose un mois plus tard.
Les patients recevront ensuite ce traitement d’entretien une fois par mois la première année, puis si tout va bien une fois toutes les 6 semaines à partir de la 2e année, et enfin, une fois toutes les 8 semaines à partir de la 3e année pour une durée totale de 5 ans. Mais, certains patients à risque peuvent être traités à vie.
Bon à savoir : depuis juin 2018 cette méthode n'est plus remboursée par l'Assurance maladie.
L'immunothérapie par injection sous cutanée et la seule méthode possible dans le cas d'allergie aux piqûres d'insectes. Elle est donc remboursée par l'Assurance maladie à hauteur de 65 %.
Immunothérapie par solution sublinguale
Cette méthode est de plus en plus utilisée et convient aussi bien aux enfants qu'aux adultes. Le patient dépose lui-même, une solution d'extraits allergéniques sous la langue à l'aide d'un flacon pompe, laisse agir quelques minutes, puis peut avaler l'extrait (qui n'a pas de goût particulier). La solution est suffisamment purifiée pour ne contenir que des protéines allergisantes (on n'avale pas des acariens ou des pollens).
Des réactions locales de type démangeaisons ou picotements locaux peuvent apparaître en début de traitement. Il est rarissime que des événements graves type choc anaphylactique surviennent.
Cette méthode est remboursée par l'Assurance maladie à hauteur de 30 %.
Important : les extraits allergéniques doivent être conservés au réfrigérateur.
Immunothérapie en comprimés sublinguaux
Il existe deux comprimés d'un mélange de graminées disponibles sur le marché et un comprimé de protéines allergisantes d'acariens pré-dosés. Ils sont remboursés par l'Assurance maladie à hauteur de 15 %.
Il existe aussi une poudre de graine d'arachide contenant des protéines d'arachide (Palforzia®), utilisée par voie orale dans la désensibilisation en cas d'allergie à l'arachide. Si ce médicament a réduit la fréquence et l'intensité des réactions allergiques à l'arachide lors d'un test réalisé à l'hôpital, il augmente la fréquence des réactions allergiques dans la vie quotidienne des patients, y compris celles motivant l'administration d'adrénaline.
Source : Prescrire, 1er décembre 2022.
Existe-t-il des contre-indications à la désensibilisation ?
L'immunothérapie spécifique n'est pas indiquée ou doit être débattue avec le médecin allergologue :
- chez les personnes polysensibilisées, c'est-à-dire allergiques à plus de 3 allergènes ;
- chez les patients atteints de certaines affections chroniques (cancer, maladie auto-immune...) ;
- chez les personnes traitées par certains médicaments, comme les bêtabloquants.
Attention : ceux qui souhaitent suivre une immunothérapie spécifique s'engagent sur un long traitement (au moins 3 ans avec amélioration dès les 6 premiers mois) qui doit être bien suivi, si l'on vise la guérison des allergies. Pour cette raison, on propose de moins en moins souvent aux enfants en garde alternée ce type de traitement car cela complexifie l'observance du traitement.
Aussi dans la rubrique :
Diagnostic et traitement de l'allergie
Sommaire
- Diagnostiquer une allergie
- Soigner une allergie
- Traiter les allergies spécifiques