Les fruits à coque (appelés également fruits secs) sont des aliments dont la coque est solide, généralement imperméable, comme les amandes, noix, noisettes, noix de cajou. S'ils sont très intéressants sur le plan nutritionnel, ils sont également très allergisants pour les personnes atopiques. Ils peuvent entraîner des réactions allergiques sévères.
Fréquence de l'allergie aux fruits à coque
La prévalence des allergies dépend de l'âge et des habitudes de consommation. Chez l'enfant, les allergies les plus fréquentes sont les protéines de lait de vache ; les œufs ; l'arachide (cacahuète) et les fruits à coque. Chez l'adulte il s'agit des fruits de la famille des rosacées (pomme, cerise, pêche, abricot), des fruits de la famille du latex (kiwi, chataigne, avocat) ; des ombellifères (céleri, carotte, épices) et des fruits à coque.
Les allergies aux fruits à coques sont fréquentes avec 7,8 % de la population générale allergique alimentaire. On compte 3 enfants allergiques aux fruits à coque pour un adulte.
Que sont les fruits à coque ?
Les fruits à coque sont des fruits secs oléagineux (dont on peut extraire de l'huile) enfermés dans une coque qu'il faut casser pour extraire le contenu comestible. Ils poussent sur des arbres.Bon à savoir : pour bien les spécifier, on parle souvent de "noix d'arbre".
Les fruits à coque présents dans l'alimentation sont :
- l'amande ;
- la noisette ;
- la noix (type noix de Grenoble) ;
- la noix du Brésil ;
- la noix de Macadamia ;
- la noix de Pécan ;
- la noix de cajou ;
- la pistache.
À noter : l'arachide et une fabacée, dont le fruit se développe dans la terre, et non un fruit à coque. Les graines de courge et de tournesol, le pignon de pin, la châtaigne ne sont pas des fruits à coque. Ce sont des akènes ou des graines (leur enveloppe est souple). Enfin, la noix de coco et la noix de muscade ne sont pas des fruits à coque.
Allergènes à déclaration obligatoire dans les denrées préemballées et non préemballées.
Les fruits à coque cités ci-dessus font partis de la liste des 14 allergènes à déclaration obligatoire dans l'agro-alimentaire mais aussi dans les métiers de bouche (boulanger, charcutier etc.). Sur toutes les denrées alimentaire préemballées depuis 2005 et sur toutes les denrées alimentaires non préemballées depuis 2015, leur déclaration est obligatoire.
Bon à savoir : la mention "fruits à coque" n'est pas suffisante. Elle doit être accompagnée du nom du fruits à coque mis en exergue. Exemple : "fruits à coque : noisette, amande". Ce point de réglementation est rarement bien appliqué.
Allergie croisée avec les fruits à coque
L'allergie croisée et une sensibilité de l'organisme a une protéine allergène voisine de la substance auquel il réagit initialement. L'allergie à la noisette est souvent croisée avec l'allergie aux pollens d'arbre. La noix de cajou et la pistache sont des allergies qui vont souvent de paire, étant de la même famille botanique. On a longtemps assimilé l'allergie aux fruits à coque à l'allergie à l'arachide. Effectivement certaines protéines sont ressemblantes et peuvent entrainer des réactions croisées.
Mais c'est surtout les traductions sur les denrées préemballées qui ont semé le trouble. Les fruits à coque ET l'arachide sont indiqués "nuts" en anglais - peanut étant une cacahuète.
Comment se manifeste l'allergie aux fruits à coque ?
L'allergie aux fruits à coque peut prendre différentes formes :
- cutanées (urticaire, angio-oedème et eczéma) ;
- respiratoires (rhinite allergique, asthme allergique...) ;
- digestifs (vomissements, nausées, douleurs abdominales) ;
- systémiques (chute de tension brutale, démangeaisons de l'extrémité des membres, choc anaphylactique).
Les fruits à coque sont responsables de réactions allergiques graves. Environ 15 % des chocs anaphylactiques dus à des allergies alimentaires sont le fait des fruits à coque (avec une plus grande fréquence pour les noix de cajou : à 6 ans, 2,7 % des enfants sont allergiques à la noix de cajou).
L'allergie alimentaire à un fruit à coque est difficile à gérer car, même si la législation sur l'étiquetage protège les allergiques, il y a des pièges au moment de consommer des aliments. Les recettes traditionnelles comportent de nouveaux ingrédients auxquels on ne pense pas
Exemple : la sauce pesto contient de la noix de cajou, le chocolat au lait de montagne de la pâte de noisette
Exemple : la mention "fabriqué dans un atelier utilisant des fruits à coque" est indiquée sur un bocal de moules marinières.
Traitements de l'allergie aux fruits à coque
L'éviction
Le meilleur des traitements consiste à supprimer tout contact avec l'allergène responsable. L'allergie doit être confirmée par un allergologue grâce à des tests cutanés. Une fois le diagnostic établi, il faut écarter de son alimentation le ou les fruits à coque en cause. La consommation de "traces" peut être tolérée après discussion avec l'allergologue.
Pour cela, il est nécessaire de surveiller attentivement sa nourriture et de bien lire les étiquettes des produits alimentaires. Vivre avec une allergie aux fruits à coque nécessite d'informer son entourage et chaque personne chez qui on consomme de la nourriture.
La bonne idée : il est intéressant d'avoir une photographie du fruit à coque auquel on est allergique sur soi, pour la présenter dans un restaurant ou chez des hôtes, afin qu'il n'y ait pas d'incompréhension ou de confusion, notamment en voyage.
La trousse d'urgence
Le port d'une trousse d'urgence sur soi est souvent nécessaire.
Cette trousse comporte :
- Deux stylos autodéclenchants d'adrénaline (ou autoinjecteurs) en cas de choc anaphylactique ;
- Un bronchodilatateur à action rapide en cas de crise d'asthme aiguë grave ;
- L'ordonnance du médecin et idéalement une carte d'allergique en cas de voyage en avion.
La trousse peut aussi comporter des médicaments d'action lente pour les symptômes mineurs :
- des corticoïdes oraux (action en 30 minutes) pour dégonfler les parties inflammées ;
- des antihistaminiques (action en 20 minutes) pour stopper le processus allergique.
Attention : le traitement de première intention en cas d'urgence allergique ou même en cas de suspicion de réaction allergique grave est l'utilisation du stylo d'adrénaline et seulement ensuite l'appel du 15. Les études montrent qu'on l'utilise toujours trop tardivement, mettant en péril son pronostic vital.
L'induction de tolérance orale
Il est possible de devenir tolérant aux fruits à coque et ainsi éviter d'avoir une réaction allergique grave. L'induction de tolérance orale (ITO) se pratique surtout chez les enfants qui répondent mieux à ce traitement. Elle permet, par ingestion de doses d'allergènes croissantes puis d'une dose de maintien, d'habituer l'organisme à la consommation modérée d'un fruit à coque. Certains services hospitaliers sont spécialisés en ITO. Aujourd'hui on pratique couramment l'ITO à la noix de cajou, à la noisette et à la pistache.
À noter : la poudre de graine d'arachide contenant des protéines d'arachide (Palforzia®), utilisée par voie orale dans la désensibilisation en cas d'allergie à l'arachide, a réduit la fréquence et l'intensité des réactions allergiques à l'arachide lors d'un test réalisé à l'hôpital. En revanche elle augmente la fréquence des réactions allergiques dans la vie quotidienne des patients, y compris celles motivant l'administration d'adrénaline (source : Prescrire, 1er décembre 2022).
Prévention des allergies alimentaires aux fruits à coque
Une prévention peut être mise en place dès la diversification alimentaire, en saupoudrant le repas d’une cuillère à café bombée par semaine de poudre d’amandes ou de pâte d’arachide.
Précaution : la voie cutanée étant sensibilisante et les allergènes des fruits à coque volatiles, la préparation doit se faire à distance du nourrisson et les mains des parents lavées après manipulation de l’aliment.
Source : d’après la communication du Dr Rachel Pontcharraud (diététicienne-nutritionniste, service de pneumo-allergologie au CHU de Toulouse), lors de la 17e édition du Congrès francophone d’allergologie (du 19 au 22 avril 2022 à Paris).
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