L'allergie alimentaire à l'œuf est une allergie fréquente estimée à 1,7 % dans la population générale. Elle correspond à 9,4 % des allergies alimentaires chez les enfants.
Bon à savoir : l'utilisation des antibiotiques chez les nourrissons augmente de 14 % les risques de présenter une allergie alimentaire, notamment à l'œuf et au lait de vache.
Quels sont les allergènes de l'œuf ?
L'allergie à l'œuf se produit après ingestion. La coquille n'est pas allergisante, mais on constate parfois une réaction de contact en cassant des œufs, le blanc entrant en contact avec la peau des mains de la personne allergique.
Les allergènes de l'œuf sont des protéines contenues principalement dans le blanc de l'œuf. Il s'agit de l'ovalbumine et de l'ovomucoïde et dans une moindre mesure, le lysozyme.
L'ovalbumine est une protéine dite thermolabile, c'est-à-dire détruite par la chaleur. La cuisson de l'œuf évite l'allergie si on est uniquement sensible à l'ovalbumine.
En revanche, l'ovomucoïde étant une protéine qui résiste à la chaleur, la cuisson n'empêche pas la réaction allergique si on est sensible à l'ovomucoïde.
Dans le jaune d'œuf, qui contient principalement des lipides, il y a une protéine nommée alpha-livétine, responsable du syndrome œuf-oiseau. Des propriétaires d'oiseaux développent après plusieurs années de cohabitation avec des oiseaux domestiques, une authentique allergie à l'ingestion d'œuf.
À noter : les œufs de caille, d'oie ou de canard comportent les mêmes allergènes que les œufs de poule.
Comment se manifeste l'allergie à l'œuf ?
L'allergie à l'œuf peut s'exprimer à travers différentes réactions :
- cutanées (urticaire, angio-oedème et eczéma) ;
- respiratoires (rhinite allergique, asthme allergique...) ;
- digestives (vomissements, nausées, douleurs abdominales) immédiates ou retardées ;
- systémiques (chute de tension brutale, sentiment de mort imminente, choc anaphylactique).
Attention : l'œuf est l'aliment le plus souvent impliqué dans les œsophagites à éosinophile ou le SEIPA (syndrome d'entérocolite induite par les protéines alimentaires). Ce sont des formes d'allergies non IgE médiée. Un diagnostic précis aide à la prise en charge et la guérison de l'enfant allergique.
Allergène à déclaration obligatoire dans les denrées préemballées et non préemballées.
L'œuf fait partie de la liste des 14 allergènes à déclaration obligatoire. Sur toutes les denrées alimentaires préemballées depuis 2005 et sur toutes les denrées alimentaires non préemballées depuis 2015, sa déclaration est obligatoire.
Bon à savoir : la plupart du temps, il n'y a pas d'œuf dans la mayonnaise industrielle, dans la mousse au chocolat industrielle, dans certaines îles flottantes et dans certains biscuits secs. Il y du blanc d'œuf dans le surimi et les biscuits moelleux.
Il faut toujours bien lire les étiquettes, y compris des denrées alimentaires bios ou chez les artisans qui utilisent souvent des œufs pour lier leur préparation (sorbet et crème glacée, pâté et terrines …).
Quels sont les produits à éviter ?
Il est utile de discuter avec son allergologue de la possibilité de consommer de la lécithine d'œuf (lipides) et du lysozyme d'œuf utilisés dans l'industrie agro-alimentaire ou pharmaceutique. En général, la consommation est possible.
Il faut éviter les produits suivants :
- Les denrées alimentaires comportant la mention « œuf » dans la liste des ingrédients.
- Certains produits d'hygiène contenant de l'œuf (bain moussant, shampoing etc.). Il faut les tenir surtout éloignés des enfants atopiques.
- Le lysozyme. Il est utilisé pour son pouvoir sucrant dans certains médicaments comme les bains de bouche, les pastilles contre les maux de gorge.
- Certains vaccins qui sont à base d'œuf comme les vaccins contre la rougeole-oreillons-rubéole (ROR), la grippe, la fièvre jaune. Ils ne sont jamais contre-indiqués car il existe un protocole d'injection spécifique pour les allergiques y compris les nourrissons, à réaliser sous surveillance médicale.
Traitements de l'allergie à l'œuf
L'allergie à l'œuf est une allergie dont on guérit bien lorsqu'on est enfant.
L'éviction
Le premier des traitements consiste à supprimer tout contact avec l'allergène responsable pour mettre l'organisme au repos. L'allergie doit être confirmée par un allergologue grâce à des tests cutanés avec de l'œuf cru et cuit. Une fois le diagnostic établi, il faut moduler son alimentation en continuant de consommer la partie de l'œuf auquel on ne réagit pas, ou si on le supporte cuit. La consommation de "traces" est la plupart du temps tolérée après discussion avec l'allergologue.
Il est nécessaire de surveiller attentivement sa nourriture et de bien lire la liste des ingrédients des produits alimentaires.
La trousse d'urgence
En cas d'allergie sévère, le port d'une trousse d'urgence sur soi est souvent nécessaire.
Cette trousse doit comporter :
- Deux stylos autodéclenchants d'adrénaline (ou autoinjecteurs) en cas de choc anaphylactique ;
- Un bronchodilatateur à action rapide en cas de crise d'asthme aiguë grave ;
- L'ordonnance du médecin et idéalement une carte d'allergique en cas de voyage en avion.
La trousse peut aussi comporter des médicaments d'action lente pour des symptômes mineurs :
- des corticoïdes oraux (action en 30 minutes) pour dégonfler les parties inflammées ;
- des antihistaminiques (action en 20 minutes) pour stopper le processus allergique.
Attention : le traitement de première intention en cas d'urgence allergique ou même en cas de suspicion de réaction allergique grave est l'utilisation du stylo d'adrénaline. Dans un deuxième temps, on appelle le 15. Les études montrent qu'on l'utilise toujours trop tardivement, mettant en péril son pronostic vital.
L'induction de tolérance orale
Il est possible de guérir de l'allergie à l'œuf. L'induction de tolérance orale (ITO) se pratique surtout chez les enfants qui répondent mieux à ce traitement. Elle permet, par ingestion de doses d'allergènes croissantes puis d'une dose de maintien, d'habituer l'organisme à la consommation d'œuf. Cette induction a souvent lieu à la maison, parfois après un test de provocation oral (TPO) en milieu hospitalier, afin d'établir le seuil de tolérance et la première dose.
L'enfant commence par consommer du jaune d'œuf cuit, sur des croissants par exemple, puis dans des gâteaux fabriqués par les parents selon une recette à quantité d'œuf croissante. On estime guéri un enfant qui consomme un œuf à la coque sans réaction.
Bon à savoir : même guéri, un ancien allergique à l'œuf peut garder un dégoût de l'œuf dans son alimentation. Il est important de persévérer plutôt que de maintenir une éviction socialement excluante.
À noter : l’Académie européenne d’allergie et d’immunologie clinique (EAACI) estime que l'introduction de petites quantités d’œuf bien cuit dans l’alimentation des enfants au moment de la diversification alimentaire (entre 4 et 6 mois), en prohibant les œufs crus ou peu cuits, permettrait de prévenir efficacement les allergies alimentaires.
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