
Passer un examen radiologique avec injection de produit de contraste iodé n'est pas anodin. En effet, même si elles sont rares, les réactions sont possibles bien qu'imprévisibles. Il faut donc tenir compte de certains facteurs de risque afin d'orienter le type d'examen ou d'établir une éventuelle prémédication. Le point sur les allergies aux produits de contraste.
Allergie aux produits de contraste : rappel sur ces produits
Les produits de contraste sont des médicaments injectés dans le corps afin d'améliorer la visualisation d'une structure. Leur utilisation et l'amélioration constante des machines d'imagerie permettent de percevoir des détails difficiles à voir jusqu'ici ou de suivre l'efficacité d'un traitement.
Les produits de contraste sont différents suivant les examens : pour les scanners ou l'imagerie par rayons X, on utilise des produits de contraste iodés. Il existe des produits de contraste iodés ioniques et des produits de contraste iodés non ioniques.
En revanche, pour l'IRM, on utilise des produits de contraste à base de gadolinium.
Bon à savoir : une étude prospective française, réalisée en 1996 par l'INSERM, a estimé le nombre de procédures avec injection de produit de contraste à 2 millions. On dénombrait alors 100 à 600 réactions graves et 6 à 12 décès.
Signes d'une allergie aux produits de contraste
Allergie aux produits de contraste : effets secondaires
L'injection de produit de contraste peut conduire à certains effets secondaires. Avec les produits de contraste iodés (PCI), des bouffées de chaleur ou des nausées peuvent se manifester de façon rare. Encore plus rarement, on parlera de réactions allergiques.
Les produits de contraste en IRM à base de gadolimium sont considérés comme moins toxiques que les produits iodés en scanner. On constate moins d'allergies aux produits de contraste iodés avec une basse osmolarité qu'avec ceux ayant une haute osmolarité.
Par contre, il faut bien garder à l'esprit qu'un patient présentant une allergie vraie à un PCI, reproduira une réaction si on lui réinjecte le même produit. Il est donc très important de caractériser une réaction allergique quand elle survient afin de savoir exactement quel produit doit être contre-indiqué et quel produit pourra être injecté sans risque, si besoin.
Allergie aux produits de contraste et allergie à l'iode
Pendant longtemps, on a évoqué une « allergie à l'iode ». Or, il faut rappeler que l'allergie à l'iode n'existe pas. En effet, l'allergie au produit de contraste iodé n'est pas provoquée par l'iode mais par une molécule chimique, l'allergie aux crustacés est due à une protéine contenue dans les crustacés et l'allergie à la Bétadine® est due à la polyvone de la Bétadine®.
De plus, il n'existe pas d'allergie croisée entre ces 3 types d'allergie c'est-à-dire que l'on peut être allergique aux crustacés sans être allergique aux produits de contraste iodés. Il faut rappeler au patient qu'il existe un délai de latence (6 à 8 jours) à une possible réaction, d'où la nécessité d'être vigilant pendant ce laps de temps.
Réactions d'hypersensibilité allergique
Les procédures diagnostiques et thérapeutiques nécessitant l'injection de produits de contraste sont extrêmement bien tolérées mais il arrive que les patients présentent des réactions. L'Académie Européenne d'Allergologie et d'Immunologie clinique a défini une classification des réactions d'hypersensibilité :
- Les réactions d'hypersensibilité non allergiques, qui relèvent des effets toxiques et pharmacologiques des produits de contraste, parmi lesquels figure l'histaminolibération non spécifique.
- Les réactions d'hypersensibilité allergique, qui relèvent de mécanismes immunologiques (déclenchés par des immunoglobulines spécifiques). Celles-ci peuvent être immédiates ou retardées.
Les manifestations allergiques peuvent être immédiates : signes cutanés (érythème, urticaire), signes respiratoires (dyspnée laryngée, œdème de Quincke), signes digestifs (nausées, vomissements, diarrhées) et signes cardiovasculaires (tachycardie, hypotension artérielle jusqu'au collapsus cardiovasculaire). Elles surviennent en moins de 20 minutes.
Toutefois, les réactions d'hypersensibilité allergique peuvent se manifester plus tardivement. Elles sont essentiellement dermatologiques et surviennent 1 heure à quelques jours après.
À noter : la vaste majorité de ces réactions indésirables est associée avec un relâchement d'histamine et d'autres médiateurs par les basophiles et les éosinophiles. L'absence d'anticorps contre le produit de contraste parle pour un mécanisme différent de la réaction allergique habituelle.
Allergie aux produits de contraste : complications possibles
Outre les manifestations allergiques citées précédemment, il existe d'autres complications potentielles :
- complications rénales (insuffisance rénale, néphropathie...) ;
- complications cardiovasculaires (diminution du débit coronaire, extrasystoles, insuffisance cardiaque, œdème aigu pulmonaire...) ;
- effets secondaires endocriniens et métaboliques (sur la thyroïde, avec une possible thyrotoxicose, sur le diabète...) ;
- extravavasation sous-cutanée au point d'injection.
Bon à savoir : les produits de contraste gadolinés peuvent également avoir un effet nocif sur les reins, le risque n'existe qu'en cas d'insuffisance rénale sévère, le plus souvent chez les patients dialysés ou suivis en néphrologie.
Prévention et traitement en cas d'allergie aux produits de contraste
Afin de prévenir certaines de ces complications, il existe différents protocoles mis en place en fonction des « risques potentiels » des personnes devant subir un examen avec injection de produit de contraste. C'est notamment le cas pour les patients ayant déjà présenté une réaction allergique. Ceux atteints de maladie rénale, se voient prescrire une hydratation correcte avec une eau minérale contenant du sodium et du bicarbonate.
Ainsi, lorsque le patient présente un risque de réaction, on pourra donc :
- changer de type d'examen et avoir recours à des examens sans injection de produit de contraste iodé ;
- recourir à une prémédication (corticoïdes et anti-histaminiques).
Attention toutefois, recourir à une prémédication n'empêche pas les réactions graves. Si le patient fait une réaction, il faudra procéder à une recherche allergologique complète avec tests cutanés immédiats et retardés.
À noter : les patients présentant un terrain atopique (asthme, rhume des foins...) sont plus à risque de faire une réaction d'hypersensibilité.